La KU Leuven a décidé, en concertation avec l'ambassade d'Italie, de retirer son slogan publicitaire polémique "Want jij bestelt geen 'ndrangheta als dessert" (Parce que tu ne commandes pas de 'Ndrangheta' comme dessert). La publicité, destinée à attiser la curiosité des étudiants, a déclenché une salve de réactions de la part de la communauté italienne en Belgique. L'Université de Louvain a souligné dans un communiqué de presse qu'"elle n'a voulu heurter la sensibilité de personne".
Le slogan controversé fait partie d'une campagne publicitaire plus large déployée par la KU Leuven afin de promouvoir plusieurs bacheliers. Vingt-trois slog ans différents ont été imaginés pour mettre en évidence les programmes de recherche et le cursus de "Linguistique appliquée" sur le campus anversois de la KU Leuven. À cette fin, plusieurs affiches ont été apposées dans des abris de bus et sur les bus de la compagnie De Lijn à Anvers.
Mais la campagne n'a pas été du goût de Stefano Lucchesi (40 ans), l'un des nombreux Italiens à s'offusquer du slogan publicitaire. "Les Italiens du monde entier disent 'assez!'" Selon lui, le slogan de la KU Leuven alimente les stéréotypes sur les Italiens et la mafia: "Le slogan a probablement été publié avec les meilleures intentions du monde. Ce sont cependant des expressions subtiles de ce type qui influencent notre société diversifiée."
M. Lucchesi, professeur de philosophie qui accompagne depuis plus de 10 ans des Italiens vivant en Belgique, soutient que la mafia ne se limite pas à l'Italie. "La mentalité et le mode opératoire de la mafia ne connaissent pas de frontières géographiques. C'est pourquoi, même ici en Belgique, il faut être prudent. En associant le mot 'mafia' à l'Italie, vous faites croire que la mafia est un problème qui ne vous concerne pas."
Le projet de recherche visibilisé par le slogan incriminé se concentre notamment sur la manière dont le mouvement anti-mafia unit ses forces en Italie pour affaiblir l'emprise sur la société de la 'Ndrangheta, la plus puissante mafia calabraise. Tant l'ambassade d'Italie que l'Université de Louvain ont reconnu l'importance et la pertinence d'un tel cursus, tandis que le titulaire du cours dit vouloir "créer un riche débat sociétal".
Susciter un débat de société autour du rôle des familles mafieuses dans la société, c'est d'ailleurs le pari qu'a réussi à relever le mouvement citoyen anti-mafia puisqu'il a pu briser l'omertà, la loi du silence tacitement imposée par les familles mafieuses. Grâce aux lois progressistes des autorités italiennes, les bâtiments symboliques de la mafia pourraient être réutilisés pour servir la communauté. L'Italie pourrait ainsi émerger comme un pays pionnier en ce qui concerne le mouvement anti-mafia, lequel s'internationalise de plus en plus.