Belga - Les personnes transgenres toujours autant victimes de discrimination au quotidien (2)

Anonyme • 4 décembre 2018
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BRUXELLES 04/12 12:27 (BELGA) 
Dix ans après une première étude, l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH) et le Point d'information transgenre (UZ-Gent) publient mardi les résultats de leur seconde recherche, intitulée "Être une personne transgenre en Belgique, dix ans plus tard". Premier constat: les discriminations au quotidien restent toujours aussi importantes.

En 2007, près de la moitié des répondants (49,6%) indiquaient vivre toujours ou presque suivant leur identité de genre. Dix ans plus tard, ils sont 70%. Les répondants qui ne vivent jamais selon leur identité de genre pointent comme obstacles principaux la famille (72,2%), les réactions (66,7%) et le travail (50%), soit exacteme nt les mêmes qu'en 2007.

Constat positif: l'âge du coming out a fortement baissé, passant d'environ 30 ans pour les générations précédentes à 17,5 ans. "Cela signifie que la plus jeune génération attend moins longtemps pour informer au moins une personne de l'identité de genre ressentie."

Les résultats concernant leur bien-être restent par contre interpellants. En témoigne le nombre de répondants indiquant avoir déjà eu des pensées suicidaires (62,3% en 2007, contre 77,1% l'an dernier). Lors de la précédente étude, 38,6% avaient déjà fait au moins une tentative. En 2017, il étaient 33,5%. De plus, la moitié dit ne pas avoir cherché d'aide. "Il est très important de miser sur le renforcement des réseaux sociaux de personnes transgenres", le soutien familial étant qualifié de "moyen", recommande l'IEFH.

Les discriminations ont été rapportées dans plusieurs domaines, notamment dans l'enseignement. Ainsi, plus de la moitié des répondants qui étaient étudiants au cours des deux dernières années disent avoir vécu de la curiosité déplacée, une atteinte à la vie privée, ou ne pas avoir été abordés par le prénom et/ou pronom choisis. Par ailleurs, ceux qui ont reçu des soins transspécifiques rapportent plus d'expériences négatives que ceux qui n'en n'ont pas reçus.

Pour l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, "les administrations scolaires doivent développer une politique proactive" pour accorder aux jeunes transgenres une attention suffisante, surtout dans les écoles primaires et secondaires.

Au travail aussi, des expériences négatives et discriminations (critiques sur l'apparence, mauvais prénom, curiosité déplacée, ...) sont rapportées. Plus d'une personne sur dix était d'ailleurs sans emploi et 8,8% en incapacité de travail. En outre, près d'un répondant sur dix a quitté son travail en raison des réactions à son identité de genre ressentie ou pour éviter les réactions.

Plus d'un quart ont été découragés à poser leur candidature. "Des outils doivent être développés pour lutter contre la discrimination à l'embauche", estiment les initiateurs de l'étude. Des formations à l'embauche pourraient aussi les aider. "Contrairement à la situation en 2007, il existe aujourd'hui un cadre légal clair, mais il s'avère insuffisant."

Enfin, tout comme lors de la première étude, les soins de santé sont pointés comme un point faible, avec de grandes différences entre la Flandre et la Wallonie. "Dans les formations pour les prestataires de soins, une attention structurelle doit être accordée à ce thème, ainsi qu'à la diversité au sein du groupe cible", selon l'IEFH.

En termes de plaintes, il ressort qu'à peine un répondant sur dix a déjà déposé une plainte contre un comportement discriminatoire, ce qui est bien inférieur au pourcentage de plaintes enregistré en 2007 (17,3%). Une augmentation est toutefois constatée pour le nombre de contacts avec la police (de 34,2% à 43,2%) et l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (de 23,7% à 36,8%).

"Les personnes transgenres sont bien plus visibles qu'il y a dix ans mais elles restent vulnérables face à l'incompréhension et à la haine. Le défi aujourd'hui est d'améliorer la compréhension des personnes transgenres dans la population", conclut Michel Pasteel, directeur de l'Institut.

Plus d'un quart des répondants ne se sentent pas à leur place dans la catégorie homme (transgenre) ou femme (transgenre). "Malgré la nouvelle Loi-Transgenre de 2017, ils/elles ne peuvent pas faire enregistrer leur identité de genre parce qu'aucune troisième option n'a été prévue. Les autorités doivent vérifier dans quelle mesure une troisième désignation de sexe doit être créée", plaide encore celui-ci.

Keywords:
SOCIETE / HOLEBI / DDH

Metadata:
INT 3 GEN fr Author: HCA

ID: 97087433