L'Université catholique de Louvain (UCLouvain) a présenté mardi à Louvain-la-Neuve les trois personnalités qui vont recevoir, dans la soirée, le titre de docteur honoris causa. Ils ont été choisis après un appel large à la communauté universitaire, sur le thème du partage des savoirs. Il s'agit de l'artiste béninoise Angélique Kidjo, notamment engagée pour l'accès à l'enseignement, du professeur de littérature de l'Université de Calabre Nuccio Ordine, en guerre contre le concept d'utilité appliqué à l'enseignement, et du chercheur de l'Université de Paris François Taddei.

François Taddei a cofondé à l' Université de Paris le Centre de recherches interdisciplinaires, basé sur des approches éducatives innovantes. Il s'est prêté, lundi avec des étudiants de l'UCLouvain, à l'exercice d'une conférence inversée pour réfléchir à l'Université telle qu'elle devrait être en 2050. L'idée est aussi de réfléchir au futur de la société, en s'inspirant du passé mais aussi en faisant le point sur la situation actuelle et sur une vision du futur. "L'université est idéalement placée pour poser cette question de manière désintéressée et en apportant autant de compétences", a expliqué François Taddéi.

Nuccio Ordine a comme credo "L'utilité de l'inutilité". Il estime qu'appliquer les principes de l'entreprise à l'éducation est une catastrophe, voire un suicide programmé. Pour lui, il faut faire passer aux étudiants le message du plaisir de l'apprentissage, plutôt que de les laisser penser que suivre des études a pour but premier de décrocher un diplôme puis un emploi afin de gagner de l'argent. "Il faut étudier pour l'amour de la connaissance et pour devenir meilleur. Ceux qui étudient pour l'amour de la connaissance peuvent faire n'importe quel métier dans la société", a-t-il affirmé mardi à Louvain-la-Neuve.

Un discours qui résonne avec la vie et l'engagement de la chanteuse et compositrice béninoise Angélique Kidjo. Artiste mondialement connue, elle met sa notoriété au service de la cause de l'éducation. Elle est devenue ambassadrice de bonne volonté de l'Unicef en 2002 pour favoriser l'éducation des jeunes filles en Afrique, et a créé en 2006 la Fondation Batonga en faveur de l'accès à l'enseignement secondaire et supérieur pour les filles africaines. "Le savoir n'a pas de prix: si le seul but de l'être humain est de faire de l'argent, nous allons tous mourir pauvres", explique-t-elle.