Belga - "Réguler le marché scolaire pour réduire les inégalités dans l'enseignement" (Aped)

Anonyme • 3 mars 2020
Actualité dans le groupe [ARES] Personnel

La Belgique doit réguler son 'marché scolaire' si elle veut réduire les inégalités, préconise mardi sur base d'une étude l'Appel pour un Enseignement démocratique (Aped). L'association plaide également pour des classes d'environ 15 élèves dès le début de la scolarité et une séparation stricte entre le secondaire inférieur et supérieur.

L'Aped a étudié les résultats des enquêtes Pisa en les mettant en relation avec le niveau socio-économique.

Premier constat: la Belgique - tant en Flandre qu'en Fédération Wallonie-Bruxelles - présente un écart parmi les plus importants en Europe entre élèves favorisés et défavorisés. Les différences entre écoles sont très marquées, avec des ghettos de riches et des ghettos de pauvres. La mixité sociale est donc plus faible et la ségrégation académique plus importante, deux phénomènes qui tendent à se renforcer via les choix des parents.

Deux facteurs sont particulièrement porteurs d'inégalités sociales: un quasi 'marché scolaire' - soit la possibilité d'inscrire son enfant n'importe où - et la 'filiarisation', à savoir le choix précoce pour une filière plutôt qu'une autre.

Pour limiter ces inégalités, une régulation du marché scolaire et une séparation stricte entre secondaire inférieur et supérieur sont nécessaires, souligne l'Aped. Actuellement, le choix de l'établissement est conditionné par les possibilités qu'il offre pour la suite de la scolarité. Et le futur tronc commun en FWB ne permettra pas de régler cette question s'il ne s'accompagne pas d'une régulation du 'marché', insiste l'association.

Concrètement, il conviendrait de commencer par une proposition d'école à l'entrée du secondaire - la Belgique étant le seul pays européen où cette mesure n'est pas d'application - que les parents seraient libres d'accepter ou de refuser, suggère l'Aped. Ces propositions seraient faites sur base de la proximité et d'un indice socio-économique individualisé des élèves, permettant ainsi aux autorités de les répartir équitablement. Selon une simulation à Bruxelles, cela entraînerait la disparition des actuels ghettos de riches et de pauvres, qui regroupent chacun environ 20% des élèves, tout en lissant les "réputations" des établ issements.

Enfin, les classes devraient être limitées à environ 15 enfants dès le début de la scolarité. Une étude américaine a montré que même en cas de passage par la suite dans une classe plus peuplée, cette mesure avait une influence substantielle sur la réussite en fin de parcours, relève l'Aped, qui a lancé une pétition reprenant ses recommandations pour attirer l'attention du politique.

"Ce n'est pas quelque chose qui pourra se faire en deux ans, c'est une révolution", reconnaît Nico Hirtt, auteur de l'étude et président de l'association. "Mais d'autres pays européens y sont parvenus, pourquoi pas nous? La séparation des universités représentait un défi beaucoup plus compliqué. Est-ce que l'on souhaite donner à tout le monde la chance d'accéder à un enseignement de haut niveau? Si oui, les autorités doivent prendre ce dossier à bras-le-corps, et déployer autant d'énergie que dans d'autres chantiers d'envergure."