Belga - Rentrée scolaire - Après six mois de crise sanitaire, l'école retrouve tous ses droits la semaine prochaine

Anonyme • 26 août 2020
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Après une année scolaire 2019-2020 sérieusement chamboulée par la pandémie de Covid-19, les quelque 900.000 élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles retrouveront la semaine prochaine le chemin de l'école pour une rentrée des classes hors du commun vu la persistance du virus chez nous.

A la lumière d'une situation épidémiologique plutôt sous contrôle, les autorités ont décidé d'organiser cette rentrée en code "jaune", soit un retour sur les bancs à temps plein pour l'ensemble des élèves, et ce de la maternelle jusqu'à la sixième secondaire. Quelques mesures de précaution seront toutefois d'appl ication.

Ainsi, le port du masque sera obligatoire pour tous les élèves du secondaire, ainsi que les enseignants. Les mains devront être lavées régulièrement et les locaux désinfectés efficacement. Pour réduire les risques, toutes les activités extra-scolaires ont aussi été suspendues jusqu'à nouvel ordre pour les secondaires.

Avec ces mesures, les autorités entendent bien sûr limiter les risques de contaminations mais aussi rassurer les parents, dont beaucoup redoutent encore de renvoyer leur progéniture vers l'école. Ceux-ci n'ont toutefois pas le choix, sauf s'ils peuvent faire valoir un certificat médical.

En effet, la ministre de l'Education Caroline Désir (PS) l'a répété encore la semaine dernière. L'obligation scolaire sera à nouveau "pleine et entière" à partir de ce 1er septembre. Fini donc la tolérance observée après les vacances de Pâques lorsque beaucoup de parents avaient gardé leur enfant à la maison, malgré le déconfinement progressif des écoles.

Avec des classes parfois à moitié remplies seulement, et des travaux à domicile qui n'ont pas toujours été suivis, les niveaux d'apprentissage ont été très hétérogènes depuis la mi-mars. On estime même que 25% des élèves ont complètement décroché de l'école pendant le confinement, et ce souvent dans les milieux les plus défavorisés.

Pour les équipes éducatives, le gros défi de cette rentrée sera dès lors d'identifier les lacunes, et surtout de remettre tout le monde à niveau en menant un important effort de remédiation.

Pour ce faire, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé au début de l'été déjà de mobiliser une enveloppe extraordinaire de 17 millions d'euros pour aider les écoles défavorisées à accompagner les élèves en retard ou en difficultés.

Avec cet argent, les pouvoirs organisateurs concernés pourront engager du personnel supplémentaire, comme des assistants sociaux, des psychologues, mais aussi des enseignants pour assurer cet accompagnement, sur une période allant de 3 à 10 mois.

Mais dans un contexte pré-existant de pénurie d'enseignants, d'aucuns se demandent si cet objectif louable pourra être pleinement atteint. Où trouver ces pédagogues supplémentaires alors que ceux-ci manquent déjà en temps normal? D'autant que pas mal d'enseignants à risques (âgés, diabétiques...) seront probablement écartés des classes, ce qui risque d'aggraver la pénurie actuelle.

"Dans certaines matières, comme les maths, les langues ou les sciences, c'est clair que ce sera plus compliqué", reconnaît un acteur de l'enseignement. "Les profs qu'on trouvera seront peut-être moins titrés (dépourvus du diplôme requis, ndlr), mais je pense qu'on pourra toujours trouver quelqu'un pour aider ces élèves...".

Si la crise du Covid a largement monopolisé les acteurs de l'école (pouvoirs organisateurs, syndicats, associations de parents) ces derniers mois, ceux-ci n'ont pas pour autant arrêté complètement les travaux du Pacte pour un enseignement d'excellence, ce vaste chantier entamé sous la législature précédente qui vise à réformer l'école francophone sur une quinzaine d'années.

Plusieurs projets de textes sont ainsi actuellement en phase de discussion entre partenaires, notamment concernant le futur dossier d'accompagnement de l'élève durant tout son tronc commun, la formation continue des profs, ainsi qu'un projet de décret portant sur l'évaluation des enseignants.

Ce dernier texte suscite d'ailleurs quelques craintes parmi les syndicats enseignants qui redoutent un affaiblissement du régime actuel de nominations des profs.

Enfin, la réforme du décret Inscriptions, grande promesse coulée dans l'accord de gouvernement arc-en-ciel et que la ministre Désir espérait voir entrer en vigueur pour la rentrée de septembre 2021, sera très vraisemblablement reportée d'un an au mieux.

Les réflexions autour de cette réforme sensible ont logiquement été freinées par la crise sanitaire. Il est désormais impossible que la projet de décret, encore à rédiger, soit approuvé en gouvernement, soumis à la concertation obligatoire des parties prenantes, au Conseil d'Etat, puis validé par le parlement avant la fin de cette année.

Que les parents d'enfants entrant maintenant en 6e primaire se le tiennent donc pour dit: la rentrée de septembre 2021 en 1ère secondaire devrait logiquement encore être organisée sur base des critères et modalités actuellement en vigueur.