Enseignement supérieur: l’Ares rejette la candidature d’Hervé Hasquin à la présidence (Le Soirà

Anonyme • 15 décembre 2020
Article dans le groupe [ARES] Personnel

Par 16 voix contre, 10 pour et une abstention, le conseil d’administration de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur a rejeté ce matin la proposition du gouvernement de nommer Hervé Hasquin à la présidence de la Fédération de l’enseignement supérieur.

Fameux revers pour le président du MR Georges-Louis Bouchez et la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny : le conseil d’administration de l’Ares a, ce mardi matin, recalé la désignation d’Hervé Hasquin à la présidence de l’institution.

A la surprise générale, en novembre dernier, le cabinet avait fait savoir au président Jean-Pierre Hansen qu’il ne serait pas reconduit dans ses fonctions à l’échéance de son mandat prévue fin décembre. Le MR cherchait à remplacer l’ancien patron d’Electrabel et ancien vice-président du groupe Suez, étiqueté CDH, par une personnalité plus proche de ses convictions. Plutôt marri, Jean-Pierre Hansen avait démissionné dans la foulée.

 

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Le parti libéral avait donc proposé au gouvernement de retenir la figure libérale Hervé Hasquin, ancien ministre-président de la Communauté française, ancien recteur de l’ULB et toujours proche des milieux académiques.

On ne sait si c’est la carte « ULBiste » ou la carte « libérale » qui a conduit le conseil d’administration de l’Ares (la fédération de l’enseignement supérieur où siègent universités, hautes écoles, syndicats…) à désavouer nettement le gouvernement dans sa proposition : Hervé Hasquin a recueilli 10 voix pour, contre 16 non et une abstention.

Fin novembre, Georges-Louis Bouchez se disait « ravi qu’Hervé Hasquin travaille sur un sujet aussi important que l’enseignement, axe prioritaire pour le MR comme je l’avais défini durant ma campagne pour la présidence du parti. C’est un choix incontestable : son CV Hasquin parle pour lui. »

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui avait œuvré à la désignation d’Hervé Hasquin à la tête de l’Arès, n’apprécie guère, bel euphémisme, que la candidature de celui-ci n’ait pas été validée par l’institution. « Aujourd’hui », nous déclare-t-il, « l’Arès a montré qu’elle ne fonctionnait plus en rationalité et est davantage une arène politicienne qu’un organe qui travaille dans l’intérêt de l’enseignement supérieur. Comment refuser une des personnalités du monde francophone qui a le plus beau CV, quelqu’un qui fait partie du top trois au niveau académique ? »

Et maintenant ? « On va décanter tout ça », répond Bouchez, « on doit réfléchir et consulter, mais on ne peut faire comme si de rien n’était. Cela montre qu’il y a un problème à l’Arès ». Le président libéral réfute par ailleurs deux arguments qui auraient pu influencer le rejet de la candidature d’Hervé Hasquin.

Trop « ULbiste » ? « Il n’y a pas de raison d’avoir cette crainte ou de le soupçonner de petits jeux, et on ne va tout de même pas lui reprocher d’avoir été recteur de l’ULB ! D’ailleurs à l’Académie, il a travaillé autant avec des ULbistes qu’avec des louvanistes. »

Le rejet d’une nomination politique après le dégommage de Jean-Pierre Hansen ? « On ne l’a pas dégommé, il n’avait pas fait de demande de prolongation de son mandat, qui arrivait à terme. Il espérait peut-être rester, alors il pouvait prendre notre contact. Quant à Hervé Hasquin, c’est un scientifique avant d’être un politique. Et cela reste du ressort du gouvernement de la FWB d’amener un changement dans une institution. Et je n’ai pas désigné mon chef de cabinet à l’Ares dans l’intention de la contrôler, c’était un choix de gouvernement. »

N’empêche, le vote 10 pour, 16 contre et une abstention est lourd pour la suite. Il l’est d’autant plus que le MR ne s’y attendait, pas… «Nous avions préparé le terrain, tous les indicateurs étaient au vert, même si nous imaginions bien que tous les étudiants et tous les syndicats n’allaient pas naturellement voter pour Hervé Hasquin», confie Georges-Louis Bouchez. Faut-il y voir un manque de loyauté de partis politiques? «Je le pense; il nous a sans doute manqué une voix ou deux dans le monde confessionnel mais ils savent que s’il y a bien un parti favorable à la fusion UCLouvain/Saint-Louis, c’est nous». Au PS alors? «Certainement, vous savez, le simple fait que ce soit les libéraux qui proposent peut irriter certains mais je ne peux pas croire que ce soit un mot d’ordre du président lui-même».

Le MR va-t-il devoir revoir sa copie? Pas sûr, il se dit en coulisse que c’est le fonctionnement de l’Ares qui pourrait être revu. «En tout cas, ça en dit beaucoup sur l’état de l’organe. Un tel acte prouve ce dont on parle depuis des années: il n’agit pas dans l’intérêt de l’enseignement supérieur mais est dans un rapport purement politicien et partisan».