LaLibre.be - Y a-t-il trop de logopèdes diplômés? L'idée d'un numerus clausus est dans l'air...

Anonyme • 16 octobre 2019
Actualité dans le groupe [ARES] Personnel

Le nombre de logopèdes diplômés est contesté. Faut-il un numerus clausus ? La Commission de planification y pense. L’Académie de l'Enseignement supérieur dit non!

L’Ares (l’Académie de l’enseignement supérieur et de la recherche) a rendu son avis sur deux propositions formulées par la Commission de planification qui concernent les étudiants en logopédie.

La logopédie est reconnue comme profession paramédicale. Tout étudiant diplômé peut demander le numéro Inami qui lui permet d’exercer en Belgique. Certaines de ses prestations sont remboursées par la sécurité sociale. Les logopèdes sont jeunes (46 % ont moins de 35 ans) et presqu’exclusivement des femmes (à 98 %).

Il y a trop de logopèdes pour la Commission

Dans un rapport publié il y a un an, la Commission de planification dénonce un surplus de logopèdes sur le marché. Ses conclusions, dit-elle à l’époque, rejoignent les préoccupations des organisations professionnelles et le résultat de divers audits réalisés au sein de l’Inami. Ces derniers relèvent, entre autres, que le nombre de prestations enregistrées par logopède dans le cadre de l’assurance maladie reste très faible, ce qui suggère que développer une pratique complète semble problématique. Pourtant, dans le même temps, le budget total de la logopédie ne cesse d’augmenter “vu, affirme alors la Commission, l’offre excédentaire de logopèdes”.

Elle relève aussi qu’au niveau international, la Belgique est le pays qui dispose du plus grand nombre de logopèdes par 10 000 habitants (7,4 en 2015 pour 3 en France) et que, chaque année, environ 1 200 jeunes sont diplômés. La Commission de planification suggère dès lors deux pistes d’action : d’une part, restructurer l’offre de formation et, de l’autre, réglementer l’entrée dans la profession. Ce sont ces deux propositions qui font l’objet de la récente analyse de l’Ares.

Les limites de la double formation

L’offre de formation est actuellement déclinée à la fois dans l’enseignement supérieur de type court et de type long. La même profession est accessible aux détenteurs du Baccalauréat organisé en trois ans dans les hautes écoles et aux titulaires du Master délivré en cinq ans dans les universités (ceux-ci constituent environ 20 % des logopèdes actifs), avec plusieurs conséquences.

Les étudiants éprouvent des difficultés à faire un choix éclairé, alors que le diplôme de bachelier n’est pas reconnu dans les pays qui organisent cette formation seulement dans le cadre d’un master (France, Suisse, Québec). En terme d’accès à l’emploi, les postes ouverts sont parfois réservés aux bacheliers pour des raisons budgétaires et barémiques (ou alors ouverts à tous mais au barème lié au type court). Enfin, les patients sont peu informés sur l’offre de soins proposée par le logopède en fonction de son parcours de formation initiale.

Par conséquent, l’Ares s’accorde quant à l’urgence de sortir d’une double formation conduisant à des actes identiques. L’harmonisation de la formation initiale fait d’ailleurs l’objet de discussions depuis 2018 avec, sur la table, une proposition de définition du métier sur laquelle l’Ares recommande d’avancer.

Pas question de numerus clausus pour l’Ares

En revanche, l’Ares ne suit pas la Commission concernant la surabondance de logopèdes. “On ne peut pas conclure, stipule son avis, à une surabondance de professionnels dans le secteur sur base de l’unique constat chiffré de la Commission.” Mais la lecture de ces chiffres lui inspire d’autres questions. La principale : le nombre de logopèdes est-il suffisant pour couvrir les besoins de la population belge ?

L’instauration d’un numerus clausus lui apparaît donc à proscrire, tant à l’entrée qu’à la sortie des études. On lit que “l’accès à l’enseignement supérieur ne doit pas être la seule variable d’ajustement pour équilibrer la sécurité sociale”. D’autant, indique l’Ares, que l’offre de soins paraît déjà en situation de pénurie dans certaines régions. Et de suggérer une cartographie des besoins rencontrés et de l’offre de soins pour mieux cerner les réalités. L’Académie avance un dernier argument dans ce sens : la plupart des patients se rendent chez le logopède à la demande d’un médecin, “de sorte qu’on peut douter qu’une diminution du nombre de logopèdes fasse diminuer le nombre de demandes d’intervention”.

 

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